Dessin: Timea Toth Source:3szek.ro |
Il était une fois, quelque part dans le monde, un pauvre homme. On ne sait pas exactement comment, ni d’où mais, il réussit à avoir deux veaux. Il les éleva, et un beau jour, il les mit sous le joug. Il laboura son lopin de terre avec eux. Il laboura, il laboura mais il était pauvre, la bonne chance lui échappait toujours.
Vous savez, la malchance est pour les pauvres.
Un jour, l’un ses bœufs beugla fortement, donna deux coups de pied, tomba du joug et mourut sur-le-champ. Le pauvre homme s’abandonna à son chagrin, il ne comprenait pas pourquoi le bon dieu le punissait ainsi. Ne voulant pas tout perdre, il dépeça avec beaucoup de difficultés la peau du bœuf, et il prit la direction de la ville pour aller la vendre là-bas.
En cours de route, il eut très chaud sous le soleil qui tapait très fort, et il s’assit à l’ombre pour se reposer. Il étendit la peau sur un buisson pour la faire sécher. Il pensait qu’elle serait moins lourde à porter et plus facile à vendre car elle ne serait pas rêche. Il était accablé par toute la tristesse du monde quand il entendit qu’on donnait des coups de bec dans la peau qui séchait. En regardant mieux, il constata qu’un pic tapait si fortement la peau qu’elle s’était déjà trouée à tel point que ses pattes passaient à travers.
Le pauvre homme saisit l’oiseau par les pattes, il le mit dans sa besace et continua son chemin. Le soir tombait quand il décida de frapper à la porte d’une maison cossue pour demander d’être un hébergé pour la nuit. Il poussa le portail de la maison, mais en regardant par la fenêtre il ne voyait personne. Elle était vide. Il alla derrière la maison et attendit que quelqu’un arrive.
Peu de temps après, il vit arriver une femme portant une bouteille de vin dans une main, et une bouteille d’eau de vie dans l’autre. Elle leva le couvercle du coffre, et y déposa dans un coin les bouteilles. Sur le rebord de la cheminée, il y avait une assiette de beignets couverte d’une mousseline qu’elle déposa dans l’autre coin du coffre. Elle ouvrit le four et sortit une oie rôtie qu’elle déposa sur le haut de la cheminée.
Le pauvre homme avait tout comprit. Il sortit de derrière la maison, et il se mit devant le portail pour attendre l’arrivée du maître de maison. Peu de temps après, celui-ci arriva et le pauvre l’accosta pour lui demander un hébergement.
«Bien sûr, veuillez entrer!» répondit le maître de maison.
Ils rentrèrent et virent que la femme était couchée et gémissait terriblement. Son mari lui dit:
«Ma femme, nous avons faim, tous les deux. Donne-nous à manger parce qu’après une journée de labours, un bon dîner nous ferait plaisir.»
Mais la femme n’arrêta pas de se plaindre. Elle raconta qu’elle avait été tellement malade toute la journée qu’elle ne pouvait rien préparer. Le pauvre homme comprit tout de suite la situation. Il sortit son oiseau et commença à le tripoter.
Le maître lui demanda alors:
«D’où vient cet oiseau que tu tiens dans tes mains?
«Ah, lui, il est capable de faire des prédictions», répondit le pauvre homme.
«Prédire? Mais alors, ce qu’il dit, est-ce vrai?» demanda le maître.
«Il peut annoncer la vérité à celui qui souhaite la connaître», dit le pauvre homme.
«Alors, je l’écoute. Je te paieras volontiers s’il dit la vérité», répondit le maître.
La pauvre se mit à pincer en cachette les pattes de l’oiseau qui commença à criailler.
«Qu’est-ce qu’il dit ton oiseau?» demanda le maître.
«Qu’il y a sur le haut de la cheminée une oie rôtie qui vous attend», répondit le pauvre homme.
«Est-ce vrai, ma femme?»
«C’est exacte», répondit la femme à son mari.
«Alors, mets la table ma femme car un bon plat me fera du bien après cette journée de labours», dit le mari.
Au bout de quelques minutes, le pauvre homme pinça de nouveau son oiseau qui piailla plus fort que tout à l’heure.
«Qu’est-ce qu’il raconte encore, ton oiseau, pauvre homme?» demanda le maître de maison.
«Que dans le coin droit du coffre, il y a du vin et de l’eau de vie qui vous attendent, cher maître», dit le pauvre homme.
«Est-ce vrai, ma femme?» demanda le mari.
«C’est bien vrai!» répondit la femme.
«Alors, sors ces boissons qui me donneront de l’énergie pour le travail de demain dont j’aurai besoin après cette journée de labours», dit le mari.
Le pauvre homme pinça une troisième fois son oiseau qui piailla fortement.
«Alors, qu’est-ce qu’il dit ton oiseau, pauvre homme?» demanda le maître.
«Que dans le coin gauche du coffre, il y a des beignets pour vous», dit le pauvre homme.
«Est-ce vrai, ma femme?» demanda le mari.
«Oui, c’est vrai aussi», répondit la femme.
«Alors, sors-les. Je voudrais faire un gueuleton avec cet homme!» dit le mari qui s’adressa tout de suite au pauvre homme.
«Voudrais-tu bien me vendre ton oiseau? Je te le paierai un prix fort!» dit le maître.
L’affaire fut vite conclue. Le pauvre homme eut deux beaux bœufs et une grande charrette de blé. Le lendemain il renta chez lui et il se mit au travail.
Il s’appliqua si bien qu’il devint un riche fermier, même le seigneur de son village ne valait pas mieux.
Il vit même aujourd’hui s’il n’est pas mort entre-temps.
Conte transylvain
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