Il était une fois, dans une lointaine contrée, un jeune homme qui était très pauvre malgré les nombreuses années de service passées chez un vieillard aux cheveux blancs. Un jour celui-ci dit au jeune homme:
«Ecoute-moi, fiston! J’ai toujours été content de ton travail mais il est temps que tu deviennes ton propre maître et que tu fondes une famille. Viens, je vais te donner ton salaire.»
Le vieillard aux cheveux blancs lui donna un cor et lui demanda de ne pas ouvrir le couvercle avant qu’il ne se marie.
Le jeune homme ne pouvait pas imaginer ce qu’il y avait dedans mais il le remercia poliment et prit le chemin du retour. Après avoir marché des kilomètres et des kilomètres, une forte curiosité le titilla pour savoir ce qu’il pouvait bien y avoir dans le cor. Il força le couvercle jusqu’à ce qu’il s’ouvre. Mais il le regretta aussitôt car un grand troupeau de bœufs en sortit. L’un courait par-ci, l’autre courait par-là et le jeune homme ne savait plus où donner de la tête. Quoiqu’il fasse, il n’arrivait pas à rassembler les bœufs.
«Ah, pauvre de moi! Au lieu d’ouvrir le couvercle, il aurait mieux valu que le diable m’emporte!» se dit-il furieusement.
«Je suis là!» cria le diable et se mit à côté du jeune homme.
«Hé, là, ne sois pas si pressé, je suis bien là, moi aussi!» dit le jeune homme et il saisit le lobe de l’oreille du diable.
«Mais ne gesticule pas comme ça sinon je te transforme immédiatement en statue de sel. Tu resteras planté là comme une souche jusqu’à ton dernier jour», menaça le diable.
Le jeune était un peu intimidé et commença à supplier le diable de l’aider à rassembler le troupeau.
«Je ne ferai pas un seul geste gratuitement», répondit le diable.
«Que demandes-tu pour ton aide?» demanda le jeune homme.
«Que tu me donnes ton épouse après les noces», répondit le diable.
Tant pis, se dit-il, d’ici là beaucoup d’eau aura coulé dans le Mureş, je vais bien trouver une idée quelconque pour m’en sortir.
«Marché conclu!» dit-il au diable.
Ils échangèrent une poignée de main, puis le diable prit le cor, referma son couvercle et aussitôt le troupeau se retira à l’intérieur du cor.
«Ça alors, j’aurais pu deviner cela, moi aussi», grommela le jeune homme. Mais il n’y avait rien à faire, le marché était déjà conclu.
Bientôt il regretta encore plus d’avoir adressé la parole au diable car il tomba amoureux d’une belle jeune fille qui, par-dessus le marché, était très adroite de ses mains. Le jour de noces il n’était pas de bonne humeur parce que l’idée de donner son épouse bien aimée au diable trottait dans sa tête. Quand les invités furent partis, il ramassa les morceaux de brioche et parsema les miettes sur le seuil.
«Je vous laisse à ma place pour que vous montiez la garde. Ne laissez personne entrer!» dit le jeune aux miettes, et il alla se coucher.
A minuit, le diable arriva, frappa à la porte et dit:
«Ouvre vite la porte!»
C’étaient les miettes qui répondirent à la place du jeune marié.
«Ici il ne rente que celui qui supporte tout ce que nous avons traversé!» dirent-elles.
«Et alors, de quoi s’agit-il?» demanda le diable.
Source: kemencehazak.hu |
«C’est une longue série de péripéties que nous devons te raconter fidèlement… D’abord on nous a semées dans la terre, ensuite on nous a ratissées avec une herse aux dents de fer. Certaines d’entre nous ont pourri, d’autres ont levé. Le soleil nous a brûlées, le gel nous a fait mal, la pluie nous a frappées, le vent nous a secouées. On nous a coupées avec une faux, entre deux meules on nous a broyées, et deux mains bien fortes nous ont pétries. Ensuite on nous a jetées dans un four bien chauffé, on nous a cuites, puis avec un couteau bien affûté on nous a coupées en tranches fines.» répondirent les miettes de brioche.
«Aïe!» s’écria le diable et un frisson glacé lui parcourut l’échine.
«C’est ainsi! Voudrais-tu refaire notre parcours?» demandèrent les morceaux de brioche.
Mais le diable ne les entendit même plus, on ne retrouva plus sa trace. Il se volatilisa comme s’il n’était jamais passé par là. Il se peut qu’il coure même encore aujourd’hui.
Le jeune homme s’endormit tranquillement, et il vit paisiblement si par hasard il n’est pas mort entre-temps.
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