"Le cerf merveilleux" , imaginé par Raphaëlle (7 ans) |
Il y a bien longtemps dans le lointain Orient, à l'endroit où deux grands fleuves se jetaient dans la Mer bleue-comme-le-ciel, s'étendait une ville pleine de richesse et d'une merveilleuse beauté. Sa renommée s'était répandue jusqu'à la limite des terres connues. Nimrod, le roi de cette ville, avait une réputation de sage et de juste. Il allait très souvent à la chasse. Il avait deux fils dont il était très fier. L'aîné s'appelait Hunor, le cadet Magyar. Dès leur plus jeune âge, ils accompagnaient leur père dans toutes ses sorties. Avec le temps, ils devinrent de forts et vaillants gaillards et d'excellents chasseurs. A l'image de leur père, ils adoraient cet art. Ils maîtrisaient à la perfection l'arc et dans les combats leur supériorité écrasante terrassait leurs adversaires à tous les coups.
Un jour, les deux frères décidèrent d'aller à la chasse sans leur père. Chacun choisit cinquante jeunes soldats et tous partirent jusqu'à la frontière du royaume de Nimrod. Ils abattirent avec leurs flèches une centaine d'oiseaux et du gibier. Alors qu'ils s'apprêtaient à rebrousser chemin, devant eux apparut à la lisière de la forêt un cerf d’une beauté merveilleuse. Ils n'en avaient jamais vu de pareil : le cerf était blanc comme neige, ses yeux brillaient comme le diamant, ses deux bois étaient enlacés comme une couronne. Tous étaient fascinés par la beauté du cerf. Le cri tonitruant de Hunor rompit le profond silence.
«A cheval! Abattons-le!»
Rapides comme l'éclair, ils sautèrent en selle et partirent à la poursuite du gibier. Leurs chevaux coururent plus vite que l'ouragan, mais le cerf était toujours plus rapide. Les flèches volèrent , mais le cerf était toujours le plus rapide. Toute la journée, ils le poursuivirent par monts et par vaux. Au coucher du soleil, soldats et chevaux étaient tous épuisés. Ils perdirent complètement de vue le cerf merveilleux. Les deux frères et leurs soldats montèrent le camp et firent un grand feu sur lequel ils préparèrent un savoureux dîner avec le gibier fraîchement abattu.
Autour du feu de camp, ils bavardèrent longuement car ils ne parvenaient pas à oublier le cerf merveilleux.
A l'aube, Hunor et Magyar, déjà levés, s'apprêtaient à rebrousser chemin. Au moment du départ, le cerf merveilleux, comme s'il était sorti de terre ou descendu du ciel, réapparut devant eux.
«Soldat! A cheval! Je donne cent pièces d'or à celui qui l'abat», cria Magyar.
«Allez! Allez!» crièrent les soldats qui reprirent en chasse le gibier par monts et par vaux. Ils poussèrent des cris de guerre et le tonnerre des sabots troubla le silence de la région. Ils lancèrent des milliers de flèches, mais à chaque fois le cerf échappa aux vaillants soldats.
Cette chasse sans relâche épuisa hommes et bêtes. Après le dîner, l'humeur n'était pas aussi joyeuse que la veille. Seuls quelques soldats avaient envie de chanter et de danser. Ils pensaient sans cesse à l'animal merveilleux, si bien qu'ils se parlaient peu.
«Demain matin, nous reprendrons le chemin du retour», dit Hunor.
«Qu'il en soit ainsi!» approuva Magyar.
«Nous ne nous laisserons pas séduire par cette bête même si elle est de toute beauté», murmurèrent la plupart d'entre eux.
Le lendemain, tous étaient à cheval quand réapparut devant eux le cerf merveilleux. Il était d'une beauté céleste, il était fier, irrésistiblement beau.
Les deux frères échangèrent un regard, se comprirent sans dire un traitre mot et acquiescèrent. Les éperons enfoncés dans les flancs de leurs chevaux, les cent-deux cavaliers se lancèrent sur leurs cent-deux montures dans une poursuite infernale.
Le cerf attira et mena ses poursuivants toujours plus loin du royaume de Nimrod. Personne ne saurait dire combien de montagnes, de rivières et de plaines ils laissèrent derrière eux.
Au soleil couchant, la troupe fit halte à la lisière d'une immense forêt. Ils mangèrent sans faim la viande fraîchement cuite. Ils n'avaient envie ni de danser, ni de chanter, leur regard se perdait dans le vague. Les hommes, les uns après les autres rejoignirent leur couche. Hunor et Magyar firent de même. Vers minuit, réveillés par une brise qui traversa la forêt, les deux frères croyaient entendre des bribes de conversation.
Magyar partit en direction du bruit, Hunor lui emboîta immédiatement le pas. Arrachés au sommeil, les soldats se levèrent promptement, et à pas de loup suivirent les princes.Ils arrivèrent bientôt dans une clairière où ils virent chanter et danser cent-deux jeunes filles. Sans hésiter, ils approchèrent.
Hunor et Magyar choisirent parmi elles les deux princesses et se partagèrent le pays. La province du soleil couchant fut attribuée à Hunor. Ses enfants devinrent les Huns. La province du soleil levant fut attribuée à Magyar. Ses enfants devinrent les Magyars.
Très beau conte et jolie illustration.
RépondreSupprimerEn guise de note (si vous le permettez):
RépondreSupprimerhttp://en.wikipedia.org/wiki/Hunor_and_Magor
et le poème de Arany Janos:
http://www.visegradliterature.net/works/hu/Arany_J%C3%A1nos/Rege_a_csodaszarvasr%C3%B3l
Légende de cerf miraculeux
(esquisse en fr: http://www.hongrieforum.com/phpbb/viewtopic.php?t=7575&sid=e50570bc729e68d5a0e05edbe08585bd )
Merci pour cette jolie découverte. Je lirai ce conte à mes enfants à l'occasion du passage de notre "Lutin de Noël"
RépondreSupprimerMerci Emu, bonne lecture. Amusez-vous bien.
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