vendredi 12 avril 2013

Le puits miraculeux


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Il était une fois, quand le ciel et la terre venaient juste de se séparer, alors qu'ils se touchaient presque encore, un puits miraculeux. Si un homme âgé buvait de son eau, il devenait d'un seul coup jeune et solide. Si un malade ne buvait qu'une seule gorgée de son eau, même s'il était à moitié mort, il se rétablissait aussitôt. Peu de gens étaient au courant de l'existence de ce puits. Par contre, ceux qui en entendaient parler, n'y croyaient pas. Pourtant le puits existait bel et bien.

Un jour, le roi tomba très malade. Il avait très peur de la mort et regrettait de quitter ce beau monde. Il proclama qu'il donnerait la moitié de son royaume et sa seule et unique fille à celui qui pourrait le guérir. Il y eut une grande bousculade dans le palais royal. Toutes sortes de savants, de docteurs arrivèrent mais aucun d'entre eux n'était capable d'aider le roi.

Il y avait dans le pays une vieille femme qui faisait la lessive afin de subvenir à ses besoins et à ceux de son fils. Ils apprirent la nouvelle de la maladie du roi. La pauvre femme se creusa la tête jour et nuit pour trouver le moyen de guérir le roi. Un soir, épuisée par son travail, elle se coucha et s'endormit aussitôt. Dans son rêve, un vieil homme s'arrêta devant elle et lui adressa la parole:

«Écoute-moi, la vieille! Je vois que tu donnerais le sang de ton cœur pour ton fils. Moi, je vais te dire ce qui pourrait guérir le roi. Mais n'en parle à personne! Le Vendredi saint dis à ton fils qu'il aille chercher une cruche d'eau à un certain puits et qu'il l'apporte au palais royal. Si le roi en boit, il ira tout de suite mieux.»

La pauvre femme se réjouit des paroles du vieil homme. Elle se les répéta chaque jour pour ne pas oublier ce que le vieux lui avait dit. Elle aurait voulu en parler à son fils mais elle attendait le Vendredi saint. Quand ce jour arriva enfin, elle pourvut son fils de nourriture et de boisson, lui raconta son rêve, lui donna une cruche et l'envoya au puits.

Le jeune homme marchait, marchait. Il était très inquiet mais les difficultés ne l'effrayaient pas. Le matin de Pâques il aperçut le puits. Il en fut très content. Il s'assit pour manger le reste de son pain dont il ne restait que très peu. Il avait très faim. A ce moment, un vieil homme s'approcha de lui et dit:

«Donne-moi ton pain car je n'ai rien mangé depuis trois jours.»

«Qu'est-ce que je fais? se dit-il, si je lui donne, je n'aurai plus rien à manger et j'ai très faim, moi aussi.»

Mais le vieil homme avait un regard si triste que le jeune homme  ne put pas s'empêcher de lui donner son pain. Le vieil homme lui dit alors:

«Là-bas, il y a un puits! Vas-y et apporte-moi un peu d'eau.»

«Alors ça, je ne  le ferai quand même pas, pensa le jeune homme. S'il boit l'eau que je vais puiser, qu'est-ce qui va guérir le roi?»

Le vieil homme savait ce que le jeune homme pensait mais il demandait tout cela pour voir jusqu'où allait la bonté de cœur du garçon. Il le supplia jusqu'à ce que le jeune homme finit par aller chercher de l'eau au puits. Quand le jeune homme revint avec la cruche d'eau, il la donna au vieil homme dont les mains tremblotaient tellement que la cruche tomba par terre. Mais ce qu'il but, était suffisant pour qu'il soit rajeuni. Il sortit de sa poche une petite bouteille, y versa le reste de l'eau, puis il la  donna au jeune homme et lui dit:

«Écoute-moi, jeune homme! Comme tu m'as fait du bien, je t'offre cette petite bouteille. Elle contient  assez d'eau pour guérir le roi. Par contre, ne reprends pas le même chemin qui t'a mené ici car tu risques d'avoir beaucoup d'ennuis. Cependant si tu as des problèmes, souffle dans ce petit sifflet, et si je le peux, je volerai à ton secours!»

Le jeune homme repartit mais il se perdit. Il arriva dans une forêt où habitaient des brigands. Ils étaient en train de se battre pour le partage de leur butin. Deux d'entre eux étaient même morts et les autres les laissaient par terre. Le jeune homme pensait que s'il les faisait revivre, ils lui montreraient le chemin du retour. Il sortit la petite bouteille de sa poche et versa quelques gouttes d'eau sur les lèvres des deux brigands qui, au lieu de le remercier de son bienfait, se jetèrent sur lui. Celui-ci sortit rapidement son sifflet et siffla. Tout à coup, deux gendarmes surgirent, ligotèrent les deux brigands et indiquèrent le chemin de retour au jeune homme.

Il marcha, chemina jusqu'à ce qu'il arrive dans une grande ville. Il croyait que le roi y habitait. Il entra dans une auberge pour manger car il avait très faim. Quand il fut rassasié, il raconta ce qu'il avait fait et où il voulait aller. Le patron de l'auberge avait un fils qui était très méchant. Celui-ci soûla le jeune homme, sortit la bouteille de sa poche, se mit en selle et partit au galop au palais royal où le roi était à l'agonie. Quand son entourage lui annonça l'arrivée de  l'eau miraculeuse, le roi attrapa le hoquet. Cela réveilla le jeune homme endormi dans l'auberge. Il tâta sa poche mais il ne retrouva pas la petite bouteille. Il souffla dans son sifflet, l'homme vola à son secours et lui déclara:

«Alors, jeune homme! Tu n'as pas pu tenir ta langue! Mais comme tu m'as fait du bien, je viens à ton aide. Ferme tes yeux et n'aie peur de rien.»

A peine eut-il les yeux fermés qu' il se retrouva dans le palais royal où il aperçut le fils du patron de l'auberge. Il lui flanqua une bonne gifle,  lui arracha la petite bouteille des mains et alla voir le roi. Il lui fit boire une gorgée de l'eau miraculeuse. Le roi se rétablit et rajeunit immédiatement. Tout le monde était débordant de joie, quasi toute la ville se mit à danser.

Mais le jeune homme, en premier lieu, voulait retrouver sa mère. Il lui fit boire, à elle aussi, quelques gouttes d'eau et elle se transforma en une belle jeune femme. A ce moment-là, le roi, accompagné de sa fille, arriva devant leur maison dans un carrosse doré. Il s'entendit si bien avec la pauvre femme qu'il la demanda en mariage. Le jeune homme demanda la main de la fille du roi et ils donnèrent un si grand repas de noces que même les orphelins mangèrent de la viande rôtie. J'y étais, moi aussi, et j'ai mangé tant de rôti de faisan que je me suis rendu malade. Mais le jeune homme me donna quelques gouttes d'eau miraculeuse et je me remis en peu de temps. Les jeunes mariés partirent en voyage dans une coquille de noix. Qu'ils soient demain vos invités!

Même aujourd'hui le puits existe toujours, mais peu de gens vont le voir parce qu' il se trouve très loin, et aussi parce qu' il y a peu de gens qui suivent l'avis de leur mère.


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