samedi 3 août 2013

Le village fou I - II

Source: www..nagyhazi.hu


Le grand-père de mon grand-père était allé dans le village de Silda. Il nous raconta qu'il avait rencontré là-bas des gens si farfelus qu'il n'en existe nulle part ailleurs dans le monde.

Un jour, une femme se plaignit ainsi au juge du village:

«-Ah! Monsieur le Juge, il y aura une noce chez nous, mais nous n'avons qu'une pincée de sel, et au magasin on ne peut pas en acheter.
-Alors, ma Chère, sème le sel que tu as dans une terre bien fumée et tu vas voir comment il va se multiplier», répondit le juge.

Ainsi fit-elle. Elle bécha le terrain le plus fertile de la famille, elle le ratissa et y sema sa pincée de sel. Le temps passa, beaucoup d'orties levèrent. Les hommes et les femmes du village les léchèrent et en goutèrent.

«Oh qu'elles sont petites, mais elles sont déjà bien fortes!» constatèrent-ils tous.

Ils attendaient, ils attendaient, mais les orties ne blanchissaient pas quand le jour de la noce arriva. La fiancée vint du village voisin. A Silda, les gens étaient petits ainsi que les maisons. Le cortège de noces arriva en une longue file. C'était la grande et belle fiancée qui ouvrait la marche. Elle s'immobilisa devant la porte car celle-ci était trop basse. Les gens du cortège attendaient derrière elle.

«Qu'allons-nous faire? Qu'allons-nous faire?» se demandèrent-ils ici et là. Le garçon d'honneur dit:

«Il faut couper un bout de la jambe de la fiancée.
-Ah non, pas ça! C'est la tête qui ne rentre pas, donc il faut la couper», répliqua le juge.
«Voulez-vous que j'aille chercher une hache?» dit une jeune femme.

Mais le propriétaire de la maison s'y opposa:

«Nous n'avons pas besoin de la hache, nous allons faire autrement. Je vais faire sauter d'un coup le montant de la porte.»

Mais c'est le grand-père de mon grand-père qui eut le dernier mot:

«Ne vous salissez pas! C'est le moment du banquet de noces! Ce serait mieux si la fiancée se courbait un peu!»

Ainsi fit-elle. Elle s'inclina un peu et passa facilement par la porte. Ah, tout le monde était heureux! Le propriétaire de la maison fit asseoir à la place d'honneur le grand-père de mon grand-père. Qu'il mange et qu'il boive tant qu'il veut! Tout le monde reconnut qu'il avait la tête sur les épaules pour sortir une idée pareille.

Après la noce, vint le temps de l'accueil. Tous les habitants du village s'y préparèrent. Le juge les convoqua et leur adressa ainsi la parole:

«Villageois! Le jour de la réception approche à grands pas. Par contre, les orties et les mauvaises herbes envahissent les abords de notre église. Je vous conseille d'aller vous reposer, de manger et de boire pendant une semaine. Pendant ce temps, les femmes vont travailler jour et nuit. Elles vont tresser une corde longue pour nous permettre de déplacer l'église.»

Ainsi firent-ils. Les hommes mangèrent, burent et se prélassèrent dans l'herbe pendant que les femmes tressaient la corde. Quand celle-ci fut finie, les femmes en enserrèrent l'église et le juge cria d'un ton martial:

«Allez! Tirons ensemble! Ho hisse! Ho hisse!»

La corde se tendit. Le juge demanda aux hommes:

«Alors, avance-t-elle notre église?»

Bien évidemment, elle ne bougeait pas d'un pouce! Il resta autant de mauvaises herbes devant son portail qu'il y en avait auparavant.

II.

Dans le village de Silda, au bord d'une rivière, il y avait un grand noyer qui donnait tant de noix que ses branches ployaient sous leur poids. Le juge arriva et dit aux hommes:

«Hé, vous, vous ne voyez pas que ce noyer a soif? Il faut que deux d'entre vous montent à la cime pour nous aider à tirer les branches vers le bas.»

Mais personne n'avait envie de grimper à l'arbre.

«Je n'y vais pas parce que j'ai mal aux jambes», dit l'un d'entre eux.
Un autre qui était grand et fort dit: «Je veux bien monter et pousser les branches seul.»

Les hommes s'appliquèrent avec ardeur jusqu'à ce qu’une branche craque et coupa la tête de celui qui était en haut.

«Avait-il une tête quand il est monté sur l'arbre?» demanda un homme.

Le juge répondit:

«Je ne sais pas. Allez voir sa femme!»

Ainsi fit-il.

«Alors, Rosalie, avait-il une tête ton mari quand il est parti de chez lui?
-Comment voulez-vous que je le sache? Mais je vais voir si son chapeau est là!» répondit la femme.

Elle cherchait partout le chapeau de son mari.

«Puisque je ne le retrouve nulle part, alors il devait avoir une tête», dit-elle aux hommes. Ceux-ci finalement retrouvèrent la tête et l'ensevelirent.

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