vendredi 27 septembre 2013

Pommes contre ordures



Il vivait à Ajak un homme très riche. Il avait un fils unique qui était beau et bien. Il arriva à l'âge de se marier.

«Mon cher Père! Ne cherchez pas à me marier pas parce que j'épouserai la fille que j'aimerai, dit-il à son père.»

Son parrain l'emmena chez les gens riches, chez les gens plus modestes, chez une belle fille, chez une laide, mais riche ou pauvre il ne voulait ni l'une ni l'autre. L'automne arriva, et c'est lui même qui dit à son père:

«Alors mon Père, le moment est venu, je vais me marier.»
«D'accord, mon fils. Combien d'argent veux-tu?» dit son père.
Conte imaginé par Endre Stankowsky

«Je ne demande pas un seul sou, seulement deux charrettes de pommes et parmi tes serviteurs, le plus jeune
», dit le fils. «Mais que je revienne avec n'importe quelle fille, aimez-la comme si elle était votre propre enfant, autrement j'irai partir me cacher et vous ne me retrouverez jamais.»

Le père s'y résigna. En plus de deux charrettes de pommes, le fils demanda une charrette vide, ensuite il dit adieu à son père. Celui-ci laissa partir son fils de bon coeur, mais de son mouchoir il essuya ses larmes.
Le fils traversa sept villages et il s'arrêta au bout du septième. En plein milieu de la place du marché, il se mit à vendre ses pommes en criant:

«Pommes contre ordures, pommes contre ordures!»

Les filles riches du village y coururent, et apportèrent beaucoup d'ordures dans leurs paniers.
Le jeune homme d'Ajak les regarda bien, mais aucune d'entre elles ne fut à son goût. La charrette vide était déjà à moitié pleine d'ordures, la moitié des pommes était déjà vendue. Il continua son chemin, et dans le huitième village il proposa ainsi ses pommes:

«Pommes contre ordures, pommes contre ordures!»

Les filles vinrent et lui apportèrent des ordures.
Il n'avait plus de pommes, par contre les ordures s'étaient accrues. La nuit commença à tomber. Il ne voulut pas passer la nuit dans le village, il reprit donc la route. Il cria à nouveau:

«Pommes contre ordures, pommes contre ordures!»

Il vendit toutes ses pommes, il ne lui en resta qu'une seule bien rouge tout au fond de la deuxième charrette, la plus belle parmi toutes. Le jeune homme vit que dans la pénombre, une jeune fille très timide s'approchait de lui avec un petit panier dans lequel il y avait très peu d'ordures, juste au fond. Il vit que la fille s'arrêtait et ne bougeait plus. Finalement, c'est le jeune homme qui l'apostropha:

«Viens, approche-toi, n'aie pas honte d'avoir peu d'ordures, c'est exactement ce que je cherche.»

La fille se dirigea vers le jeune homme et déversa devant lui une demie poignée d'ordures. En récompense, elle reçut la plus belle pomme et l'amour du jeune homme.
Ils allèrent ensemble chez les parents de la fille qui habitaient une chaumière. Tout était très propre. Un homme âgé portant des chaussures à lanières vint les saluer. Le jeune homme l'embrassa et demanda la main de sa fille.
Le lendemain, le jeune homme mit très peu de temps à charger la charrette avec les affaires de sa fiancée. Il l'emmena chez ses parents à Ajak.

Son père accueillit chaleureusement la fiancée. La fête de noces dura trois jours et ils vivent encore aujourd'hui s'ils ne sont pas morts entretemps.


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