Tableau de Margit Sàpi |
Jésus Christ était encore sur terre et traversait à pied un grand désert quand il aperçut un grand jeune homme avachi au bord de la route. Il lui demanda:
«Alors, que fais-tu ici?
-Rien, je me dore au soleil», répondit le jeune homme.
«-Ne serait-ce pas mieux si tu t’engageais quelque part comme serviteur?» lui demanda Jésus Christ.
«Je le ferais volontiers, mais personne ne veut de moi», répondit le jeune homme.
«Alors, moi, je t’engage», répondit Jésus Christ.
Après s'être longuement étiré, le jeune homme se leva et suivit Jésus Christ à pas lents. Quand celui-ci eut faim, il entra dans un hameau et acheta pour trois pièces d’argent un agneau à un berger. Ils continuèrent ensuite paisiblement leur chemin. Arrivant à la hauteur d'un grand arbre, ils s’y installèrent. Jésus Christ dit:
«Va dans le village mon garçon et demande un peu de sel et de paprika! Pendant ce temps, moi, je prépare la viande d’agneau.
-Je n’y vais pas! Je ne suis pas un mendiant!» répondit le jeune homme.
«D’accord, j’y vais moi-même. En attendant, écorche l’agneau et prépare un bon feu!» répondit Jésus Christ.
Ainsi fut fait. Jésus Christ alla dans le village. Pendant ce temps le jeune homme écorcha l’agneau, fit du feu, rôtit la viande et mangea le foie de l’agneau, quand Jésus Christ revint.
«Où est le foie?» demanda Jésus Christ quand il vit la viande de l’agneau.
«Quel foie? L’agneau n’a pas de foie!» répondit le jeune homme.
«Bien sûr qu’il en a un. Tous les animaux en ont un comme les êtres humains», répliqua Jésus Christ.
«Je sais quand même mieux que vous que l’agneau n’a pas de foie. Mon père, mon grand-père et tous mes ancêtres étaient bergers, je l’étais moi aussi jusqu’au jour où mon maître m'a chassé», répondit le jeune homme.
Ils discutèrent ainsi quand deux hommes s’approchèrent d’eux. D’après leurs vêtements, ils avaient l’air d’être bouchers. Jésus Christ les interpella:
«Il me semble que vous êtes bouchers. Je vous demande de nous rendre justice. Selon vous, l’agneau a-t-il un foie?
-Bien sûr qu’il en a un. Tous les animaux en ont un», répondirent-ils.
Mais ils donnèrent leur avis en vain, le jeune insista. Jésus Christ comprit que tout discours était inutile. Après avoir mangé l’agneau, ils continuèrent leur chemin. Ils marchèrent, cheminèrent jusqu’à ce qu’ils soient arrivés dans un village. Ils entendirent que la fille du seigneur du village était à l’article de la mort. Le seigneur avait fait venir des médecins des quatre coins du monde, mais ceux-ci ne pouvaient rien faire pour elle.
Jésus Christ alla voir le seigneur, il proposa de lui rendre service et de guérir sa fille. Il demanda que l'on construise rapidement une petite maison en brique sans porte et sans fenêtres et que l'on y installe un four et qu'il soit bien chaud. Quand la maison fut prête, Jésus Christ prit dans ses bras la malade et l’emmena dans la petite maison.
…et ô miracle… la maison sans porte et sans fenêtres s’ouvrit devant eux. Ils y entrèrent, le jeune homme les suivit. Alors Jésus Christ lui donna un sabre et lui dit:
«Coupe le cou de cette fille!
-Moi? Il n’y a pas d’assassin dans ma famille, je ne le serai pas, moi non plus», répondit le jeune homme.
«D’accord, je vais le faire moi-même», répondit Jésus Christ.
Ce qui fut fait. Il coupa le cou de la jeune fille, jeta son corps dans le four bien chaud et le laissa réduire en cendres. A ce moment-là, Jésus Christ prit une poignée de cendres de la région du cœur et dit:
«Lève-toi et marche!»
Aussitôt, les cendres s’animèrent, la fille se leva et marcha. Elle était plus belle que jamais. Le seigneur était très heureux et couvrit Jésus Christ de pièces d’or et d’argent. En voyant cela, le jeune homme dit:
«Je ne serai plus votre serviteur. Donnez-moi mon salaire et je vous quitte tout de suite.»
Il se dit qu’il saurait faire ce métier, lui aussi, ce qui lui permettrait de gagner beaucoup d’argent.
«D’accord, je te donne ce que je te dois, tu peux aller où tu veux. Mais avant, dis-moi où est passé le foie de l’agneau?» répondit Jésus Christ.
«-Je ne le sais pas. Je ne peux que répéter que l’agneau n’a pas de foie», insista le jeune homme.
Jésus Christ lui donna tout de même son salaire. Ils se quittèrent, l’un alla vers l’Est, l’autre vers l’Ouest. Le jeune était déjà dans un pays lointain quand il entendit que la fille du grand seigneur du village était très malade.
«Alors, je sais comment faire», se dit-il.
Il alla voir le grand seigneur, se présenta comme docteur étant capable de faire des miracles pour une belle somme. Ils se mirent d’accord pour trois cents pièces d’or. Lui aussi fit construire une petite maison sans porte et sans fenêtres avec un four à l'intérieur, mais il entra auparavant dans la maison avec la fille de peur que la porte ne s’ouvre pas devant eux. Quand la maison fut prête, le jeune homme coupa le cou de la fille, ensuite il la jeta dans le four bien chaud. Quand elle fut réduite en cendres, il sortit au hasard une poignée de cendres et dit:
«Lève-toi et marche!»
Mais elle ne se leva pas. Il redit la phrase dix fois, vingt fois, en vain. Le temps passa, une heure, deux heures, trois heures. Le père de la fille commença à s’inquiéter: avec sa femme et leurs proches, ils pénétrèrent dans la petite maison, mais ils ne trouvèrent pas trace de leur fille. Alors, ils saisirent le jeune homme, l’emmenèrent devant le tribunal qui le condamna tout de suite à mort. La nuit, on commença à monter la potence, et au petit matin le jeune homme fut emmené à la pendaison. La foule attendait impatiemment ce qui allait se passer. Le nœud était déjà autour de son cou quand le jeune vit Jésus Christ dans la foule. Il poussa alors un cri:
«Viens, aide-moi, sinon je serai pendu!»
Jésus Christ s’approcha, on lui raconta ce qui s’était passé et pourquoi le jeune homme allait être pendu.
«Laissez-le, ne le pendez pas! Je vais ressusciter la jeune fille», dit Jésus Christ.
Ainsi fut fait. Les gens suivirent Jésus Christ accompagné du jeune homme libéré. En cours de route, Jésus Christ interrogea le jeune homme:
«Alors, je t’ai délivré de la mort, mais maintenant dis-moi ce qu'est devenu le foie de l’agneau!
-Dieu me vienne en aide, l’agneau n’a pas de foie!» répondit le jeune homme.
Jésus Christ ne le harcela plus de questions. Ils arrivèrent au four où Jésus Christ prit une poignée de cendres de la région du cœur de la fille et dit:
«Lève-toi et marche!»
Aussitôt, les cendres s’animèrent, la fille se leva et marcha. Elle était sept fois plus belle que jamais. Son père paya immédiatement les trois cents pièces d’or à Jésus Christ. Jésus prit l’argent, le déposa sur la table, et il se mit à le compter. Il divisa les pièces en trois parties. Le jeune homme lui demanda:
«Que fais-tu? Pourquoi divises-tu l’argent en trois puisque nous ne sommes que deux?
-Le premier tas est à moi parce que c’est moi qui ai guéri la jeune fille. Le deuxième tas est à toi parce que c’est toi qui as accepté de la guérir.
-Et le troisième tas?
-Le troisième sera à celui qui a mangé le foie de l’agneau.
-Dieu me vienne en aide, c’est moi qui l’ai mangé.
-Alors si c’était toi, les diables vont t’emporter», dit Jésus.
On ne sut pas d’où les diables sortirent à cet instant, mais ils étaient là. Ils mirent la main au collet du jeune homme et l'emportèrent à toute vitesse vers l’enfer. Personne ne le revit plus jamais.
Collecte d’Elek Benedek
Bonjour Andréa,
RépondreSupprimerj'adore la morale de cette histoire.
toujours un plaisir de te lire
bisous
Lovelyy blog you have here
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