jeudi 10 janvier 2013

La soupe au caillou




"La soupe au caillou", imaginé par Luca (6 ans)


Il était une fois un jeune soldat qui venait de rentrer de la guerre. Affamé et vêtu de guenilles, il allait de village en village. Mais bien sûr, il n'y avait personne pour lui offrir une bouchée de pain ou un peu de soupe chaude. Il allait de maison en maison, ici on lâcha les chiens et là, on faisait semblant de ne rien avoir. Ainsi poursuivant sa route, il décida :
«Quoi qu'il m'en coûte, dans la prochaine maison où j'entrerai, c'est moi qui ferai une soupe!»
Devant un portail, il trouva un caillou, le ramassa et entra dans la première maison qui était sur son chemin. Elle appartenait à une vieille dame.

«Bonjour la vieille!
-Bonjour mon brave!
-Comment va la santé?
-Elle va comme elle va. Et la vôtre?
-Elle va comme elle peut, mais j'ai faim, je voudrais manger si vous aviez quelque chose à me donner.
-Ah, mon brave, si j'avais quelque chose à donner, je vous le donnerais. Mais moi même, je suis pauvre comme un rat d'église. Je n'ai rien, ma réserve et mon grenier sont vides.
-Alors je ne suis pas aussi pauvre que toi parce que j'ai un beau caillou dans ma poche. Je pourrais en faire une soupe mais j'ai besoin pour cela d'une marmite, dit le soldat.
-Je peux t'en prêter une, acquiesça la vieille dame. Mais je n'ai rien à y mettre.»

Le soldat lava bien le caillou et le mit dans la marmite. La vieille fit du feu. Le soldat versa de l'eau sur le caillou et mit la marmite sur le feu. Il remua plusieurs fois avec une longue cuillère en bois. La vieille dame le regardait du coin de l'oeil. Le soldat goûta la soupe.

«Pour être bonne, elle est bonne, dit le soldat en claquant la langue. Si vous aviez un peu de sel à mettre dedans, elle serait encore meilleure.
-J'ai du sel», dit la vieille.

Le soldat en ajouta dans l'eau, remua et dit:
«Vous savez, si vous aviez une cuillère de saindoux, ça l'améliorerait bien.
-J'en ai, je vous l'apporte tout de suite», dit la vieille.

Elle revint avec une cuillère de saindoux. Ils l'ajoutèrent doucement dans la marmite. Le soldat remua l'eau, goûta, et regarda du coin de l'oeil la vieille dame.

«Vous savez, je sais bien préparer la soupe mais toujours avec de la saucisse. Comme c'est bon!» dit le soldat.
«J'ai de la saucisse, je vais en chercher un morceau dans la réserve», répondit la vieille.
«Prenez en donc deux morceaux, la vieille, un pour vous, un pour moi», dit le soldat.
«J'arrive, j'arrive!» dit la vieille.

Elle revint avec deux morceaux de saucisse. Le soldat les mit dans la marmite, remua et goûta la soupe.

«Vous savez, si vous aviez quelques pommes de terre, nous pourrions les ajouter! Et si vous aviez d'autres légumes, nous la préparerions vraiment comme il se doit.
-J'ai des pommes de terre et des légumes, je vais les chercher», dit fièrement la vieille en se redressant.»

Elle revint vite avec des carottes, du persil et des pommes de terre. Ils les épluchèrent et les mirent dans la soupe. Le soldat remua, goûta et tendit la cuillère en bois à la vieille dame pour qu'elle y goûte, elle aussi.

«Allez, goûtez la, maintenant elle est vraiment bonne.»

La vieille dame s'exécuta et s'en lécha les babines.
«Je n'aurais jamais cru que l'on puisse préparer une si bonne soupe avec un caillou», admit elle.

Ils laissèrent mijoter la soupe encore quelques minutes, puis le soldat dit:
«Si par hasard vous aviez quelques grains de riz, ce serait bien.
-J'en ai», dit elle en s'empressant autour de la marmite.

Ni une, ni deux, ils jetèrent une poignée de riz dans l'eau et d'un air satisfait, le soldat se frotta le ventre.
«Maintenant elle est aussi bonne que celle que je prépare d'habitude», dit il.

Ils attendirent que la soupe soit entièrement cuite. Le soldat s'en servit dans une grande assiette, ensuite il fit pareil à la vieille dame. Ils la mangèrent, tous les deux, de bon coeur.
La vieille n'arrêta pas de s'étonner de la qualité de la soupe au caillou. Quand ils furent rassasiés, elle se tourna vers le soldat.

«Dites moi, mon brave, auriez-vous la gentillesse de me vendre ce caillou? Je n'ai souvent rien à cuisiner et avec ce caillou je pourrais concocter une bonne soupe.
-Bien sûr que si, répondit du tac au tac le soldat en riant dans sa barbe. Pour cent deniers, le caillou est à vous.»

Elle régla vite fait la somme et sortit le caillou de la marmite. Elle l'enroula dans un torchon propre, et elle le mit de côté au cas où un jour elle voudrait préparer une bonne soupe.
Cent deniers dans la poche, le soldat dit très vite au revoir à la vieille dame pour qu'elle ne revienne pas sur sa décision et qu'elle ne lui redemande pas l'argent. Maintenant qu'il était rassasié et avait cent deniers, il marcha gaiement sur la route jusqu'au soir où il trouva une autre vieille dame qui ne savait pas comment il fallait faire la soupe au caillou. Chez elle, il mangea de nouveau à sa faim.
Par contre, je suis incapable de vous dire quelle soupe elle a pu faire avec la pierre.




12 commentaires:

  1. Bonjour,

    J'aime bien cette histoire un peu immorale mais qui nous pousse à en approuver le protagoniste.
    J'aurais aimé savoir si on peut librement raconter ces histoires dans le cadre d'une manifestation bénévole.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour,

      les contes populaires s'inscrivent dans une tradition de transmission orale, ce qui serait en parfait accord avec votre idée. Je ne peux que vous encourager à la réaliser!

      Simplement, j'apprécierai si vous replaciez votre narration dans son contexte, en précisant qu'il s'agit d'un conte populaire hongrois.

      Par curiosité, de quel type de manifestation s'agit-il?

      En tous cas, merci pour votre intérêt.
      Bonne journée!

      Supprimer
    2. En realité ce compte a pour le moins 1000 variantes, et chacun de jurer par mille diables en connaître l'origine... ma version préférée pose un soldat allemand dans un village, blessés et appauvri par la guerre, les villageois sont aigris et dépossédés, de par sa soupe le soldat non seulement trouve un repas, mais guéri les ames en rappelant que les hommes doivent compter les uns sur les autres et s unir dans l adversité et par le pardon. Nul besoin de mechant pour un bon conte, juste d une belle morale qui peu influencer nos vie. La radinnerie est vilaine peut etre, mais quand tu n as rien, donner reste encore la meilleure façon de recevoir

      Supprimer
  2. elle est cool j'ai bien aimer :)

    RépondreSupprimer
  3. j'aime beaucoup la morale de se conte

    RépondreSupprimer
  4. L'histoire est très belle et tellement bien racontée!!
    Lise (7 ans et demi)

    RépondreSupprimer
  5. C'est une histoire que l'on me racontait étant petit, sa fin diverge énormément : ils passent une bonne soirée et la vielle dame qui n'a que peu de compagnie l'invite à rester au chaud cette nuit. Au petit matin il repart avec son caillou vers d'autres aventures.

    RépondreSupprimer
  6. Votre conte ressemble plutôt à l'histoire d'un vol ou d'un homme malhonnête tandis que le conte hongrois parle d'un homme rusé mais pas malhonnête. A mes yeux c'est une différence énorme. Bonne lecture!

    RépondreSupprimer