vendredi 24 janvier 2014

Le jeune porcher qui était bon à rien...


Conte imaginé par Bàlint Deàk  (10 ans) 

Il était une fois au-delà de tous les océans une femme pauvre. Elle avait un fils. Il aurait dû garder des cochons s'il avait pu le faire! Mais malheureusement il ne faisait que des dégâts partout où il passait. En un mot, il était une personne inutile. Sa mère tentait en vain de lui apprendre des choses. C'était peine perdue.
Un jour, ce garçon qui ne servait strictement à rien, entendit dire que le roi donnerait sa fille à celui qui serait capable de se cacher et de rester introuvable.

«Alors, petit porcher, pensa-t-il, ton moment est arrivé pour montrer ce que tu vaux en réalité. Tu peux gagner beaucoup si tu es un peu futé.»

Il rassembla vite ses affaires, il mit quelques pogatchas cuits sur la braise dans sa besace, il mit son manteau joliment brodé, et il partit.

Il marcha, il marcha par monts et par vaux, il traversa d'immenses forêts et de grandes plaines. Il n'avait presque plus de provisions. Le château du roi restait introuvable. Il marcha encore pendant une semaine entière, il mangea son dernier pogatcha mais il ne réussit pas à trouver le château.

«Qu'est-ce que je fais? Dois-je mourir de faim? Si j'avais su, je serais resté à la maison», pensa-t-il.

En marchant sur la route, il aperçut un puits. Sur la margelle du puits deux pigeons blancs étaient assis. Il s'approcha d'eux et dit :

«Alors, mes deux pigeons blancs, je vais vous manger parce que je meurs de faim.»

Les deux pigeons blancs lui répondirent.

«Ne nous mange pas, petit porcher! Donne-nous plutôt à boire parce que nous avons soif. Un bienfait n'est jamais perdu.»

Les pigeons le supplièrent tellement qu'il ne les mangea pas. Il tira un sceau d'eau fraiche du puits, leur donna à boire, et il but le reste afin de remplir son ventre.

Il continua son chemin. En traversant une steppe, il tomba sur un renard qui boitait.

«Alors, mon renard, que le diable m'emporte si je ne te mange pas.»

Le renard le supplia afin qu'il ne le mange pas parce qu'il était en train d'apporter à manger à son petit.

«Un bienfait n'est jamais perdu, dit le renard. Je peux encore t'aider un jour.»

Il continua à marcher à pas lent. Il ramassa les dernières miettes dans sa besace et il les mangea. Mais ce n'était rien pour son ventre vide!

Soudainement il aperçut de loin un lac. Il décida d'aller le voir quoi qu'il arrive. Il descendit au bord du lac et vit qu'un petit poisson se débattait dans l'eau peu profonde. Il l'attrapa brusquement et le poisson lui dit :

«Ne me mange pas, mon petit porcher, un jour je serai reconnaissant envers toi. Un bienfait n'est jamais perdu.»

Le jeune porcher regarda longtemps le poisson. Il eut pitié pour lui et rejeta dans l'eau. La faim est très curieuse, elle suit l'homme partout !

Il reprit son chemin. Enfin, au bout d'une très longue marche, il arriva au château. Le roi était devant l'entrée. Le jeune chenapan le salua poliment, le roi fit pareil.

«Que fais-tu ici? Que cherches-tu ici au bout du monde?»

Le jeune dit au roi le but de son arrivée:il a entendu dire que le roi donnerait sa fille à celui qui serait capable de se cacher d'elle et qu'il se sentait assez courageux pour tenter cela.

«C'est bien, c'est bien fiston. Mais tu vois, il y a déjà quatre-vingt-dix-neuf têtes sur les pieux, la tienne sera la centième si tu échoues», dit le roi.
Le porcher ne se découragea pas pour autant et se dit :

«Cela finira bien par s'arranger.»

Les deux hommes entrèrent dans le château, et le porcher annonça qu'il avait faim et demanda à manger. On lui en servit autant qu'il pouvait s'empiffrer.
Lendemain, au réveil, c'est le roi qui lui rendit visite et lui demanda de se cacher avant que sa fille ne se réveille.

Le porcher chenapan se prépara lentement à sortir du lit et à s'habiller. Tout à coup, il aperçut les deux pigeons blancs sur le rebord de fenêtre. Ils lui dirent :

«Viens vite, nous t'emmenons avec nous.»

Le jeune s'en remit aux pigeons, il les suivit jusqu'à ce qu'ils soient arrivés derrière le Soleil.
Entre-temps, la princesse s'habilla convenablement, elle était prête à sortir de sa chambre. Elle descendit dans le jardin, elle cueillit la plus belle rose, fit un tour sur elle-même et cria :

«Sors, jeune homme, je sais que tu es derrière le Soleil.»

Il était en colère mais n'ayant pas le choix, il dût se montrer.

Le lendemain arriva, le jeune homme se réveilla et jeta un coup d'oeil sur la fenêtre. Il vit que le renard se dressait sur la pointe des pieds et il l'attendait.
Le renard l'emmena dans la terre à un endroit qui était sept fois plus profond que celui qu'un être humain aurait été capable de creuser.
La princesse sortit dans le jardin, cueillit la plus belle rose, et fit un tour sur elle-même.

«Montre-toi, jeune homme, sors de la septième profondeur.»

Il fut obligé d'obéir.

Le troisième jour, il alla voir le petit poisson au lac. Grâce à son aide, il descendit dans un coin du lac. Quand la princesse descendit dans le jardin, elle cueillit la plus belle rose, fit un tout sur elle-même, et appela le jeune homme.

«Ca y est, je suis perdu! Le centième poteau sera pour moi, se dit le porcher. Si elle m'a retrouvé trois fois, je ne pourrais pas me cacher la quatrième fois sans qu'elle ne tombe sur moi.»

Mais lendemain, à la première heure, il vit devant sa fenêtre l'un des pigeons blancs qui luit dit :

«Viens vite! Transforme-toi en rose, je ferai pareil.»

Ce fut ainsi.

La princesse descendit et chercha la plus belle rose. Elle en trouva deux. Elle les ramassa et les piqua au devant de sa robe. Elle fit un tour sur elle-même, mais elle ne voyait plus le jeune homme. Elle fit encore un tour, mais rien.

«Alors, mon père, je ne vois pas le jeune porcher. Il s'est tellement bien caché que je ne le retrouve plus.
Mais si, mais si! Fais encore un tour, peut-être cela marchera», dit le roi.

La princesse fit un troisième tour mais elle aurait pu en faire tant qu'elle voulait, elle n'aurait pas retrouvé le jeune homme.

A ce moment-là, l'une des roses transformée en pigeon s'envola de sa robe, tandis que l'autre se transforma en jeune porcher.

La princesse le regarda avec émerveillement et lui, il la serra contre lui.

«Mon bel amour! Je suis à toi, tu es à moi. Seule la mort peut nous séparer.»

Ils s'enlacèrent et s'embrassèrent longuement. Ils étaient si beaux ensemble comme un bouquet de fleur. Ils donnèrent un grand repas de noces, et ils vivent encore aujourd'hui s'ils ne sont pas morts entretemps.



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